En quelques lignes, Nathalie nous donne ses impressions, son ressenti, ses émotions. Pour le travail fourni avant, pendant et maintenant après; pour ton énergie, ta joie de vivre, ta présence, ta patience, pour tout, merci.

 

« Il est minuit à Tokyo, il est  5h au Mali, quelle heure est-il au paradis ? »

Il  était 20h30 quand notre avion s’est posé dans l’ambiance moite de Dakar. Après 1h30 d’attente à la douane et 3 heures de taxi nous y étions, M’Boro !                                                                                  Les bagages sur la charrette, nous avons marché au bord de l’océan. C’était comme si la lune nous attendait et les crabes semblaient danser entre nos pieds…20 minutes après nous sommes arrivés à ce qui allait être notre petit paradis pendant 10 jours ; les cases de Gaby.

Le lendemain matin le soleil ne se levait pas seul, j’allais faire la connaissance de ceux qui partageraient mon quotidien durant cette mission. Et que de belles rencontres ! Caro, Greg, Hélène, Phiphon, Matthieu..ajoutés à l’équipe des Toulousains un joli groupe s’était formé !                             Je pense aussi aux soleils sénégalais qui ont illuminé notre quotidien ; Abdoulai et son extrême gentillesse, Adji qui a su nous régaler avec son poisson tiébou, ses ratatouilles délicieuses..(et une mention spéciale pour ses beignets).. Ajouté à çà, l’eau chaude de l’océan et la fraicheur du bissap, c’était certain, nous serions bien !

Lundi matin, 9h. On pose nos fesses sur la charrette, le sable crisse sous les sabots et direction le dispensaire de Cumba. Il y’avait beaucoup de monde devant la porte du dispensaire ce matin là..Comme tous les matins qui suivirent d’ailleurs.  Un joli tableau de boubous colorés et de visages patients et souriants… Je n’ai pas eu le temps de réaliser qu’ils étaient tous là pour nous, que l’engrenage était lancé. Chacun avait trouvé sa place, Marie avait une lunette d’essai en main, Phiphon lançait un « roun biki digibi » derrière l’autoref et la semaine commençait.

Il faisait très chaud au dispensaire et les gouttes de sueur perlaient, mais les éventails de Lily n’étaient jamais loin et travailler avec eux avait quelque chose d’euphorisant.  Plus de 500 patients ont été équipés en lunettes durant la semaine. Nous avons pu être aussi efficaces grâce au logiciel ingénieux de Patrick, qui nous a permis, en y référençant toutes les montures récupérées, de retrouver facilement les corrections correspondantes à chaque patient.  Mais aussi grâce à nos petites mains motivées… L’efficacité et le sourire de Marie, qui faisait les examens de vue plus vite que son ombre..Les éclats de rire de Caro qui construisait des avions en carton entre 2 livraisons de lunettes, pour les plus grands sourires des enfants du village. La justesse et la tchatche d’Hélène qui a réussi à gérer les stocks de lunettes au milieu de ces journées bien remplies… La diplomatie et l’expérience de Phiphon qui faisait disparaitre le miroir quand la coquetterie des femmes n’était pas la bienvenue… Julie, qui a su jongler entre les soins avec Ouad, l’infirmier du dispensaire, et les livraisons de lunettes, avec autant de sourires aux lèvres que d’émotions dans le regard.. J’ai aussi été impressionné par Patrick qui a fait autant de consultations ophtalmiques que d’examens de vue et qui a réalisé 2 interventions chirurgicales avec l’aide de Julie.

Même si les « merci » n’étaient pas sur toutes les lèvres, j’ai adoré rencontrer et échanger avec tous ces gens arrivant d’M’Boro, Thiès ou plus loin.. Leurs visages étaient lumineux et même ceux qui ne parlaient que Wolof arrivaient à dégainer un « Ca va bien ?? » avant que je n’ai eu le temps d’amorcer un « bonjour ».

La semaine s’est donc déroulée au rythme des regards satisfaits derrière leurs verres de lunettes et des défilés de couleurs dans le couloir du dispensaire. Je crois que l’on a bien travaillé ! Jeff a équipé une centaine de patients en appareils auditifs (entre 2 sirotages de petites crèmes). Thibault a fait preuve d’autant de patience que d’habileté en façonnant les embouts auditifs (à mains et œil nus..)

Bernard a su mettre à profit son savoir faire et ses précieuses mains de kiné pour soulager la centaine de patients venus le voir. Et je n’oublierais pas nos 2 hommes forts, Greg et Matthieu, qui ont reconstruit le toit de l’école qui était en partie détruit et dont le reste de la charpente menaçait de s’effondrer. Ils ont travaillé dur toute la semaine malgré le soleil et les 40 degrés ambiants.

Cette semaine au dispensaire a aussi été synonyme de rencontres..Cumba, la maitresse des lieux.. Aliou, notre vendeur de lunettes de soleil…Mariama, Saw et Amadou, qui nous ont donné un précieux coup de main en optique…Diarra, qui a endossé le rôle de responsable au magasin d’optique sociale du village..La jolie Khadi qui a appris à faire les examens de vue grâce aux conseils de Marie et aux cours soutenus de Phiphon … Victor, le masseur et N’Diassé, la sage femme, qui ont suivi  assidument les manipulations et la formation de Bernard.

La semaine au dispensaire s’est achevée avec autant de transpiration que de satisfactions, autant de différences que d’évidences..

Depuis mon retour, j’ai des dizaines de fois raconté ce voyage et des dizaines de fois eu cette sensation, que les mots semblent bien insignifiants face aux sentiments vécus et ressentis là bas. Mais ils auront tout de même le mérite de servir de « pense-bonheur » . [ Les nuits bercées par le son des vagues, les petits doigts entremêlés au moment du bon appétit, les « bili bili bili tchouk tchouk tchouk » de Jeff devant le magasin, les tunnels de sable de Lily pour faire comme les crabes, les courses de Titou ; sprinteur invaincu, les notes du petit village qui s’envolent de la guitare d’N’diouga ,les rires des enfants  jouant au frisbee, le parfum de karité des femmes…]

Parceque ce « blabla » commence à être un peu long je dirai juste « vivement l’année prochaine ». Et un grand (immense) bravo à Marie et Jeff de s’être si bien investis dans cette jolie cause et de continuer à avancer avec des projets bien concrets pour le village. Merci à Thibault, pour m’avoir permis, une fraiche après midi de janvier, de toucher du bout du doigt cette belle aventure. Et bien sur bravo à ceux qui font vivre l’association Pro Sénégal ; Mara, cet homme aussi grand en taille qu’en esprit et gentillesse et Maur , qui nous a montré sa motivation et son intelligence tout au long de la semaine.

Pour finir un peu naïvement je vais dire ; M comme Monde, B comme Bonheur, O comme Œil (ou Oreille J), R comme Rencontres et O comme Objectif…atteint ? Dépassé ?

M’BORO à bientôt.