Il y a partager une mission à Mboro. Et repartager une mission à Mboro.
La découverte. Et les retrouvailles.
Retrouver des visages connus.
A qui le temps ne donne pas une ride,
Malgré une dévotion sans limite, intrépide.
A croire que la bonté mélangée au soleil permet une jeunesse éternelle,
Recette à conserver en guise de sentinelle.
Ressentir les odeurs, raviver les couleurs.
Le poisson grillé, la viande macérée sur les marchés,
Les épices mijotées, les cacahuètes grillées.
La vivacité de la wax des femmes apprêtées,
Si élégantes et soignées dans la simplicité.
Respirer la poussière,
Oublier le claquant blanc des baskets,
Sentir le soleil de plomb à travers sa casquette,
Les pieds sablés, teint ôcre sur les lanières des savates,
Voile hâlé sur le visage, transformation peule et teint mat.
Oublier l’impatience de la consommation,
Savourer l’instant présent et s’en faire une raison.
Observer les patients patientant,
A l’ombre d’un arbre des heures durant.
Attendant, s’il est possible, leur nouvel appareillage,
Récompense souvent d’un fatigant voyage.
Audiométrie robotique,
Qui posera le verdict.
Réglage des appareils attentifs,
Patients ou traducteur on ne fait pas la dif’.
Peu importe il faut avancer,
Personne ne doit être oublié.
Façonnage d embouts millimétrés,
Retour a la case par la lune éclairée.
A la boutique optique,
Attendent les relooking éthiques.
Changement de profession,
Le temps d une mission.
Monture la plus adaptée à la géométrie faciale,
Décision Radi cale
Titre d opticien visagiste,
Sans prétention, juste altruiste.
Avec plus de minutie que le putsch d un khalifat,
Même si parmi les lunettes il y a souvent peu de choix.

Repasser la porte de Yakaar, portant son si doux nom d’espoir.
Voir vos visages se parer de sourires à l’entrée de l’école,
Spectacle improvisé, pirouettes et cabrioles.
Apprivoiser nos différences qui vous paraissent étranges,
Même quand une inconnue couleur de peau peut sembler dérangeante.
Naïveté de l’enfance,
Faisant oublier l’importance des 5 sens.
Des cris, des crissements de table, des sons stridents inadmissibles,
A nos oreilles si inconfortables, aux vôtres si imperceptibles.
Vous voir vous impatienter de retourner voir la mer,
A quelques kilomètres pourtant, mais si chers.
Sentir les vrombissements des vagues sans percevoir le danger,
Se mouvoir et danser au tamtam des djembés.
Admirer vos progrès, le maniement des signes,
Vos mains qui se délient, pour déchiffrer les lignes.
Votre rapidité d’apprentissage,
Laissant rapidement nos explications hors d’usage.
Travailler la mémoire et la précision,
Enjamber des pneus avec agilité, rattraper un ballon.
Chanter avec ses mains, imagier animalier,
Pour que le handicap puisse être acclimaté.
Immortaliser l’instant, le mouvement,
Sous les yeux de l’artiste, rafalement.
Photographie non trouble,
Il faudra trier les doubles.
Repeindre la façade d’un vert incandescent,
Pour que depuis l’espace ce centre soit resplendissant.
Retrouver le calme et la simplicité des cases après ces longues journées,
Discuter, échanger et jouer sans Rumminer.
Quelques punaises, sauterelles mais point de loup garou,
Parfois pour un cafard prendre les jambes à son cou.
Au coucher de soleil se laisser dériver,
Océan déchaîné, au rythme des marées.
Partager un bon appétit dans des plats en fer blanc,
S’endormir calmement au son de l’océan.
A défaut d’électricité, absence de pollution lumineuse,
Vœu d’étoile filante au sein d’une nébuleuse.
Peut-être celui que la surdité ne rende pas différent,
Et que l’apprivoiser devienne un jeu d’enfant…