Depuis la création de notre association, nous avons vu passé des milliers d’oreilles. Des jeunes, des vieilles, nous les écoutons, nous essayons de les appareiller et pour la plupart, nous redonnons un sens à cette fonction auditive.
Néanmoins, il y a toujours des cas qui nous ont interpellés… Ces jeunes enfants, ces jeunes adultes aux surdités congénitales ou acquises dans la petite enfance sont privés de langage. Ces personnes n’ont pu acquérir les bases du langage oral et n’ont aucun outil de communication. Enfermé dans leur mutisme, ces patients sont souvent coupé du monde, laissé pour seul. Que faire ? En dehors d’appareils réglés à fond pour percevoir les signaux d’alerte, notre action reste trop limitée.
La venue des orthophonistes en 2016 a été déterminante. Elle a concordé avec la rencontre d’un enfant, Assane Thiam, dont les yeux brillaient de curiosité malgré un voix silencieuse. Ces yeux, nous ne les oublierons jamais. Ils nous ont poussé à imaginer un lieu où les enfants pourront apprendre un autre outil de communication, la langue des signes.
Après avoir rencontré la direction de l’école de la renaissance des sourds de Dakar et l’école de Thiès, nous nous rendons compte que le modèle fonctionne. Mais ces écoles restent trop loin ou trop chère pour les familles souvent démunies de MBoro. Nous décidons monter une école gratuite à MBoro. NDiouga Minete, ami des premières heures en sera le directeur et portera le projet sur place.
Nous définissons pendant un an les contours de cette école, le personnel nécessaire, les lieux, le programme pédagogique. Nous rencontrons le rectorat, la mairie et trouvons finalement un terrain. Ce sera notre terrain, l’école Yakaar va voir le jour.
En France, nous trouvons les financements à travers des partenaires privés perennes et au Sénégal, NDiouga est sur tous les fronts : les travaux d’un côté, le recrutement du personnel d’abord et le recrutement des enfants ensuite. Le handicap est quelque chose d’assez tabou au Sénégal et notre directeur est obligé de faire du porte à porte pour trouver les enfants, rassurer les parents sur la viabilité du projet, l’intérêt de donner une éducation à leurs enfants et leur prouvant qu’ils peuvent s’en sortir, qu’ils peuvent être des enfants comme les autres.
Il aura fallu une petite année à NDiouga pour réaliser ce travail de titan et c’est en Octobre 2019 que l’école Yakaar ouvre ses portes. C’est en Octobre 2019, que pendant notre mission, nous rencontron tout ce petit monde qui va faire un bout de chemin ensemble et écrire les premières pages de cette longue histoire.
Cette école portera le nom de Yakaar, qui veut dire espoir en Wollof. Belle vie à Yakaar !
Vous pouvez suivre la suite des aventures ici.
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